L'histoire de Joy

Son enfance

Durant toute son enfance, Joy avait vécu heureuse entourée de sa famille, ses parents et sa petite sœur Cléa. Elle vivait dans un petit village, tout au fond d’une vallée, où tout le monde se connaissait et vivait ensemble. Des générations entières s’étaient succédées dans ces petites maisons au toit de chaume. Certes, leur situation n’était pas très aisée mais ses parents avaient su lui inculquer la générosité, le respect des autres et la vie en communauté.

Mais un soir, juste après le coucher du soleil, alors qu’elle était partie chercher de l’eau au puit, elle vit passer des ombres noires dans le ciel. Terrifiée, elle se cacha dans un bosquet et attendit. Des horribles cris s’échappèrent du village. Joy n’osait plus bouger, horrifiée par ce qu’elle entendait et n’osant imaginer ce que cela pouvait être. Le carnage dura de longues heures durant lesquelles Joy resta pétrifiée, dans un état de béatitude totale.

Quand la lune fut au plus haut, le silence revint et s’installa dans la plénitude de la vallée. Joy n’arrivait plus à bouger, elle espérait se réveiller de ce qui était pour elle, une véritable cauchemar. Elle resta ainsi toute la nuit, recroquevillée dans son bosquet à attendre que quelqu’un la sorte de sa torpeur.

La déchirure

Au petit matin, Joy se réveilla toute engourdie, couchée en position fœtale dans le bosquet. Elle mit du temps à retrouver ses esprits et se demandait même si elle n’avait pas rêver. Bien sur que si, elle avait forcément rêver ces horreurs. Elle imaginait déjà sa mère en train de la gronder d’avoir passer la nuit dehors. Ses parents avaient du s’inquiéter et même du la chercher. Aussitôt, elle pris le pas de course et regagna le village, oubliant même son seau.

Le village était plongé dans un silence total. Joy ralentit le pas, inquiète car quelque chose ne tournait pas rond ici. Petit à petit, elle avança et découvrit la première maison dévastée. Que s’était il donc passé ici ? C’était donc bien réel ??
La panique la gagna rapidement, son cœur tambourinait fort dans sa poitrine, comme si elle savait déjà ce qu’elle allait découvrir.

Au détour d’une maison, le chien du voisin gisait, mort. Paniquée, elle couru jusqu’à la sienne … elle était vide. Elle se dirigea alors vers la place. Plus elle avançait, plus il y avait des débris partout sur le sol, jusqu’à ce qu’elle découvre un corps, celui d’un voisin. Son visage était étrangement livide. Elle continua et trouva un autre corps, encore un autre voisin. Il y avait sur le sol de nombreuses fourches et pelles, même un fusil de chasse, comme si les habitants s’étaient battu contre quelque chose. En arrivant à la place, elle constata avec effroi qu’il était jonché de corps inanimés.

A force de chercher, elle finit par découvrir son père, lui aussi complément livide, étrangement livide. Les larmes coulaient sur ses joues, sans retenue, elle n’arrivait pas à le croire. Elle continua ses fouilles, sans relâche et finit par découvrir sa mère, à moitié nue et tout aussi livide que les autres corps jusque là découverts. Joy s’agenouilla devant sa dépouille et un long hurlement sortit de sa gorge, une longue plainte d’une âme en détresse.

Tout à coup, elle pensa à Cléa. Où était elle ? Instinctivement, elle se mit à l’appeler. A ce moment, elle réalisa que tous les enfants avaient disparu. Elle continua à l’appeler en vain, sa voix résonnait comme un écho dans ce village vide d’âmes. Durant toute la journée, elle chercha Cléa, l’appelant jusqu’à dans les forets alentours. A la nuit, elle renonça, à contre cœur, mais il fallait se rendre à l’évidence que Cléa n’était pas là.

Un nouveau départ

Au petit matin, Joy, qui n’avait pas fermé l’œil de la nuit, pris la décision de partir. Plus rien ne la retenait ici. La nuit avait été particulièrement dure car les animaux, attirés par l’odeur cadavérique des corps, commençait à se rapprocher dangereusement du village. Elle n’était pas assez forte pour se défendre contre eux et continuer sa vie ici, toute seule, ne l’enchantait guère. La grande ville était à quelques heures d’ici, elle s’en sortirait surement mieux la bas.

Dans sa maison, elle rassembla quelques affaires, un peu de nourriture et le peu d’argent qui restait et pris le pendentif que portait sa mère, une jolie croix huguenote qu’elle passa autour de son cou. Durant la nuit, tant bien que mal, elle avait rassemblé les corps qu’elle avait recouvert d’herbe et de branches. C’était bien peu comme sépulture mais c’est tout ce que ses forces lui permettaient de faire. Elle avait quand même réussi à donner une tombe digne à ses parents. Son sac en bandoulière, elle se prépara à partir. Une dernière fois, elle jeta un regard vers ce village qui l’avait vu grandir et la vision de la tombe de ses parents lui transperça le cœur. C’est les yeux remplis de larme qu’elle pris la route, sans jamais se retourner.